Jauja est une terre fantasmée par les hommes, une terre d’abondance et de sérénité. Sans doute inspiré par cette légende, le réalisateur argentin Lisandro Alonso a décidé de nommer son film de ce nom énigmatique.
Le spectateur se retrouve ainsi transporté au cœur de la Patagonie, suivant le périple du Capitaine Gunnar Dinesen, un ingénieur dans l’armée argentine. Ingeborg, sa jeune fille, l’accompagne mais s’ennuie profondément. Surtout, elle attise le regard de tous les hommes autour d’elle, peu habitués à une présence féminine en mission.
Un matin, le Capitaine se réveille et s’aperçoit que sa fille a quitté le camp au bras d’un soldat. À partir de là, il quitte tout pour partir à sa recherche. Seul et perdu, le Capitaine Gunnar Dinesen se lance dans une quête qui va aller bien au-delà de ce qu’il aurait cru … une exploration de l’Argentine, de JAUJA, et de lui-même.
JAUJA est avant tout un objet cinématographique avec une approche visuelle très singulière, notamment dans l’usage du format 1:33 dont le résultat est une image carrée sur l’écran, resserrée sur les hommes. D’hommes, il en est question avec le personnage incarné par Viggo Mortensen, le Capitaine Gunnar Dinesen, quasi omniprésent à l’écran. Dire qu’il porte ce long-métrage est un euphémisme. Il est brillant comme à l’accoutumée, même si on le sent néanmoins peiner un peu, faute d’avoir de réels éléments en mains pour développer son rôle.
En effet, JAUJA comporte très peu de dialogues, la plupart des scènes montrant le personnage de Viggo Mortensen seul dans le désert. De plus, les séquences sont souvent en plan fixe, et s’attardent plus que de raison sur le moindre fait et geste du personnage principal, amenant une lenteur très appuyée et une dimension contemplative très marquée au film.
Certes, les paysages sont magnifiques et mis en avant par une réalisation calme et très épurée, mais l’objet final semble être un merveilleux exercice de style qui manque cependant cruellement de passion, et finit par être quelque peu hermétique pour le spectateur.
Un exemple est la fin qui comporte un effet de style très marqué Nouvelle Vague, mais qui risque de déstabiliser plus d’un spectateur dans ce qui s’apparente davantage à un effet de manche du réalisateur plutôt qu’un réel apport au film. Et malheureusement, plus JAUJA avance, plus l’objet cinématographique entre en autarcie.
Film singulier avec une démarche artistique très appuyée, JAUJA est à n’en point douter un projet qui ose se démarquer du cinéma formalisé. Mais quand la forme finit par dévorer le propos et le récit, le film en devient froid et malheureusement peu captivant pour un spectateur un peu déboussolé.
JAUJA, sortie en France le 22 avril 2015.
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Article rédigé par Lui.
Une réponse sur « JAUJA : quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps … »
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