Satché vit son dernier jour, son tout dernier. Après s’être levé dans le lit maternelle, il quitte sa famille et fait un dernier tour dans Dakar, sa ville. Plus tard, il s’endormira dans son lit, à tout jamais. Entre ses deux moments clés, une balade pour voir une dernière fois ses amis, son premier amour, et sa chère ville Dakar.
Sur ce postulat particulier, le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis nous invite à découvrir ou redécouvrir une partie de l’Afrique et plus précisément Dakar, en suivant son acteur principal Saul Williams. Figure emblématique du slam et artiste américain multi-cartes (poète, écrivain et musicien), il avait déjà tourné dans le film indépendant SLAM. C’est à présent dans un rôle quasi muet (il ne parle pas le français) qu’il s’essaie à nouveau au cinéma.
En effet, la première chose qui marque ce film AUJOURD’HUI, c’est ce personnage très contemplatif et qui ne parle pas. C’est un défi de taille au cinéma et il est clairement relevé ici par Saul Williams. Il parvient avec sa prestance et son regard à être communicatif malgré tout. De plus, pour palier à cette absence de mots de la part du personnage principal, le réalisateur Alain Gomis a beaucoup travaillé la chorégraphie des acteurs dans les scènes, en particulier dans celle de la rencontre entre Satché et son premier amour, où les acteurs se cherchent dans un hall, dans une sorte de danse improvisée.
Ce road trip – car il s’agit d’un bien de ce genre dont on parle ici – a comme décor et même quasiment comme personnage, la ville de Dakar. Le réalisateur sait filmer cette ville qu’il connait bien, sans pour autant en faire une carte postale ou une caricature. Bien au contraire, la ville donne le rythme au film. AUJOURD’HUI se divise en courtes séquences, une par quartier. Cette méthode permet de voir un bon nombre de décors différents et de multiplier également les points de vue.
Cependant, l’une des conséquences de cette mise en scène c’est que les liens entre les différentes séquences sont par moments un peu confus : on passe parfois difficilement de l’une à l’autre, même si une fois mises en place, ces séquences sont toutes porteuses d’un supplément d’âme.
Malgré tout, on regrette de ne pas connaître les raisons de ce ‘dernier jour’ de vie pour le personnage principal. Le spectateur est laissé dans le flou absolu, et cela au détriment de l’intensité dans la narration. L’incompréhension ne joue pas en faveur du film et l’on passe peut-être à côté de la dimension de conte de ce long-métrage, ou de certaines traditions propres au pays, qui nous échappent.
Au final, AUJOURD’HUI nous laisse avec un avis assez mitigé ; certes, l’idée conductrice du projet est intéressante, et Dakar est filmé avec un amour indéniable et beaucoup d’originalité, quittant les images d’Épinal pour nous donner à voir une capitale sénégalaise vrai et entière.
Toutefois, l’histoire est un peu trop légère pour réellement tenir sur la longueur, et si quelques rares séquences fonctionnent, la plupart ont du mal à constituer un socle solide pour un long-métrage de cinéma.
AUJOURD’HUI, sortie en France le 09 janvier 2013.
[youtube]http://youtu.be/GbR-5FiVCQg[/youtube]
Article rédigé par Lui.
2 réponses sur « AUJOURD’HUI, réalisé par Alain Gomis »
Moi j’ai aimé ce flou. Ne pas tout expliquer tout le temps, c’est reposant.
En tout cas, tu sais des choses que je ne savais pas : c’est le lit maternel ? Aïssa Maïga est son premier amours ?
Pascale, merci pour ton commentaire.
Aïssa Maïga est en effet son premier amour, ce n’est pas évident dans le film mais c’est écrit dans une interview du réalisateur, présente dans le dossier de presse.
Le lit maternel, on le devine, il sort de la maison familial, et c’est également confirmé dans le dossier de presse. Voilà !
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