SHADOW DANCER, réalisé par James Marsh

SHADOW DANCER - Go with the BlogDans les années 1990, l’Irlande est à feu et à sang, ravagée par les attentats, la suspicion, les complots et trahisons. Collette est une jeune veuve et une républicaine qui vit à Belfast chez sa mère. Ses frères sont de fervents activistes de l’IRA, et ils l’enrôlent dans leurs projets violents et meurtriers. Mais arrêtée à Londres par les services secrets britanniques alors qu’elle est sur le point de commettre un attentat dans le métro, Collette se voit proposer un deal : accepter de jouer la taupe au sein de sa famille et de son entourage pour échapper à la prison.

James Marsh, habitué aux documentaires ambitieux et étonnants, s’empare avec SHADOW DANCER d’un sujet complexe et dense. Mais il refuse de politiser son projet et privilégie l’histoire intime, familiale, et met en avant le destin obscur et presque sans issues de ses personnages.

Les films sur le conflit irlandais existent et celui-ci n’est pas le premier. SHADOW DANCER nous replonge dans le chaudron des années 1990 en Irlande, une des périodes les plus meurtrières de cette quasi guerre civile. La reconstitution est assez réussie, même si par moments à la limite de la caricature avec des objets symboles à l’écran un peu grossiers, qui nous rappellent avec trop d’insistance la période dans laquelle nous nous situons. Mais l’essentiel est ailleurs.

Il est intéressant de regarder la façon dont James Marsh, réalisateur britannique, a choisi de décortiquer son sujet. Il n’y a pas de visée politique dans son film, ni d’ambition de démêler la nébuleuse idéologique du conflit irlandais. Au contraire, le metteur en scène privilégie avant tout l’intime et nous donne à voir cette page de l’histoire de l’Irlande à travers le prisme de la famille.
Son personnage principal Collette, est une jeune femme frêle, aux cheveux noirs, jolie et extrêmement discrète, qui veut avant tout le meilleur pour son fils qu’elle élève seule. C’est la surprenante Andrea Riseborough qui l’interprète, jeune comédienne au parcours déjà bien rempli mais encore peu connue par chez nous. Elle porte en tout cas beaucoup de responsabilités dans SHADOW DANCER car son personnage est quasiment omniprésent. Sensible, fragile et battante à la fois, Andrea Riseborough imprime son teint diaphane à l’écran, et ses grands yeux clairs nous accrochent sans nous lâcher un seul instant.

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À ses côtés, Clive Owen opte pour un jeu sobre et retenu, qui convainc cependant à moitié. On retrouve également dans ce long-métrage Gillian Anderson, chevelure blonde, dont la présence ici surprend au milieu de ce casting très britannique. D’ailleurs, si elle n’interprète que quelques scènes, sa présence révèle tout de même le principal défaut du film. En effet, malgré toute sa bonne volonté et son parti-pris scénaristique, James Marsh semble quand même ne pas pouvoir s’empêcher de faire dévier par moments son film vers des penchants hollywoodiens. Il semble se prendre à rêver d’un film d’espionnage et de chasse à l’homme entre les services secrets et les terroristes de l’IRA ; cette impression se ressent tout particulièrement dans les séquences dites de bureau où les enquêteurs essaient de démêler les informations fournies par leurs taupes. De la même manière, l’opposition de méthode de travail entre le personnage de Clive Owen et celui de Gillian Anderson, se donne également des allures de duel bureaucratique à l’américaine, et dans ces moments là SHADOW DANCER se tire un peu une balle dans le pied.

SHADOW DANCER - Go with the BlogMais ne soyons pas trop durs quand même, car le long-métrage de James Marsh fonctionne et nous tient en haleine jusqu’au twist final, dont il ne faut rien dire ! Servi par une mise en scène tendue, sans effets inutiles, SHADOW DANCER a beau chercher par moments à jouer, à tort, dans la cour des grands, le film n’en demeure pas moins la proposition d’un regard honnête et pertinent porté sur une lutte fratricide à l’intérieur d’un pays déchiré. Le personnage de Collette, tiraillée entre l’engagement meurtrier de ses frères et son envie de s’en sortir, est une métaphore de cette lutte, et sa famille une mise en abîme du conflit lui-même.

Certes parfois un peu maladroit, SHADOW DANCER s’appuie sur la prestation sensible et touchante de Andrea Riseborough, et nous offre deux ou trois scènes fortes et symboliques, que l’on gardera probablement en mémoire.

SHADOW DANCER, sortie en France le 06 février 2013.

[youtube]http://youtu.be/NUNneDGpZkk[/youtube]

Article rédigé par Elle.

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