Dans les années 70, deux pilotes de Formule 1 se distinguent des autres par leur style et leur audace sans limites. Niki Lauda, l’autrichien perfectionniste, et James Hunt, le playboy anglais, séducteur et fougueux, s’opposent dans la vie comme sur les circuits. Leur duel sportif ne cesse de croître, courses après courses, jusqu’à atteindre un climax historique et dramatique lors du Grand Prix de Nürburgring en 1976.
C’est cette rivalité légendaire que Ron Howard a choisi de porter sur grand écran avec RUSH. Le réalisateur s’empare d’une histoire vraie chargée en adrénaline et pleine de dangers, pour ce qui est très probablement le plus gros challenge de sa carrière jusqu’à présent.
Cela fait un bon moment et plusieurs films que Ron Howard n’est plus en odeur de sainteté à Hollywood, et encore moins auprès des critiques, l’ex-acteur devenu réalisateur nous ayant livré dernièrement des films très dispensables (DA VINCI CODE, ANGES ET DÉMONS, LE DILEMME). Alors en apprenant son implication dans un projet sur la Formule 1, à mi-chemin entre le biopic et le film sportif, notre fébrilité et notre inquiétude étaient somme toute légitimes.
Pourtant, il faut le dire, RUSH est bel et bien un des grands films de l’année ! D’abord parce que Ron Howard maîtrise son sujet de façon exemplaire, et qu’il a su ici cerner avec beaucoup de justesse à la fois cette ambiance unique des Grands Prix, et aussi l’esprit des années 70.
Pour réussir un long-métrage qui parle de courses automobiles, il faut incontestablement réussir de grandes scènes de courses. Dans RUSH, elles sont tout bonnement sidérantes ! Sur le bitume brûlant, Ron Howard parvient à placer à chaque instant sa caméra au bon endroit, pour saisir toute l’intensité et la puissance d’une voiture de F1 lancée à 300 km/heure sur un circuit. Alternant brillamment entre caméras embarquées et prises de vues hors des véhicules, Howard donne à sa mise en scène une dynamique folle, le tout avec un dosage très habile entre effets rétro seventies, et modernité esthétique.
On ressent l’énorme travail fourni pour justement reconstituer ces années 70 : tant dans les costumes à la ville des personnages, les couleurs, mais aussi les voitures sur les circuits, les paddocks, les combinaisons des pilotes, la signalisation, tout cela témoigne du soin qui a été apporté pour retranscrire cette époque le plus fidèlement possible. L’immersion est totale et fonctionne excessivement.
RUSH est un vrai défi à plus d’un titre, et le choix du casting est ici un élément clé du projet. Ron Howard a clairement pris de grands risques en tablant sur des acteurs loin d’être bankables, et dont la stature hollywoodienne n’est pas encore pleinement acquise. Si le comédien allemand Daniel Brühl, qui interprète Niki Lauda, est une idée de casting habile de par sa ressemblance physique avec le vrai pilote, sa maîtrise de la langue allemande et sa capacité à apporter cette nuance subtile dans le caractère militaire de Lauda, le choix de Chris Hemsworth pour incarner James Hunt peut sembler à première vue beaucoup plus sujet à discussion. L’acteur d’origine australienne est surtout connu pour son rôle de THOR, et on ne peut pas dire qu’il se soit distingué jusqu’à présent par la subtilité de son jeu d’acteur. Pourtant, la révélation de RUSH, c’est bien lui ! Chris Hemsworth campe un James Hunt à la fois tête brûlée, homme à femmes, mais aussi sombre et fragile. Il trouve là le meilleur rôle qu’on ne lui ait jamais confié, et il impressionne par la justesse et la finesse de son interprétation.
À James Hunt l’arrogance et le panache, rappelant par moment le James Dean de LA FUREUR DE VIVRE. À Niki Lauda le perfectionnisme, la technique, le talent, … et le miracle.
Enfin – et surtout -, RUSH s’appuie sur un scénario méchamment bien huilé, signé Peter Morgan, qui avait déjà collaboré avec Ron Howard sur FROST/NIXON, sorti en 2008. Le scénariste de renom a eu ici pour mission de faire de ce duel entre deux légendes de la F1, une grande fresque historique. Le destin de ces deux champions dans les années 70 dépasse la simple question du sport automobile ; entre manque de reconnaissance, quête de soi-même, de ses limites (sans cesses repoussées), et cette façon à l’époque de risquer sa vie à chaque course pour mieux tutoyer la mort et se prouver qu’on existe, il y a dans tout cela quelque chose de plus grand que le seul défi sportif qui nous est montré. C’est justement ce mélange de grandeur et décadence dans le destin des personnages, qui confère à RUSH une certaine forme d’universalité.
Un seul constat s’impose : Ron Howard réalise avec RUSH son meilleur film depuis plus de dix ans, peut-être même le meilleur film de sa carrière !
Au-delà d’un film de bagnoles, il nous livre un regard avisé sur les idéaux des années 70, pour mieux les mettre en perspective avec notre société contemporaine : désormais le danger n’est plus à bord d’un bolide sur un circuit, mais dans notre quotidien le plus banal.
RUSH, sortie en France le 25 septembre 2013.
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Article rédigé par Elle.
5 réponses sur « RUSH : le Grand Prix de Ron Howard »
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