MOONRISE KINGDOM : scout toujours !

Wes Anderson fait partie de ceux que l’on appelle les réalisateurs indépendants. Autodidacte mais bien entouré – et avec les amis qui vont bien -, il nous livre film après film depuis maintenant plus de quinze ans des morceaux de son petit monde à lui, atypique, coloré, farfelu, mais toujours empreint de beaucoup de sensibilité.

MOONRISE KINGDOM, c’est l’histoire de Suzy et Sam, douze ans, qui tombent amoureux en secret, entretiennent une relation épistolaire d’enfants, puis décident de s’enfuir ensemble. Leur fugue commune découverte, les parents de Suzy et le chef du camp de scouts de Sam partent alors à leur recherche.

Au départ, MOONRISE KINGDOM avait tout pour me déplaire : une amourette d’enfants, un camp de scouts, des garçons en culotte courte, des enfantillages, et le cliché un peu trop cool/vintage de choisir une vieille chanson de Françoise Hardy dans la bande-annonce. Mais je me suis dit que Wes Anderson, dont les films m’avaient ravie jusque là et notamment son récent FANTASTIC MR FOX, ne pouvait pas tomber trop facilement dans la mièvrerie de nous raconter une histoire à hauteur d’enfants pour nous émouvoir facilement.

Et disons-le franchement, MOONRISE KINGDOM fonctionne parfaitement ! Il faut d’abord parler du casting irréprochable, du choix des deux jeunes comédiens dont c’est ici leur toute première apparition, Kara Hayward et Jared Gilman. Le réalisateur a cherché pendant longtemps les visages de Suzy et Sam, et il a eu raison de prendre son temps. Non seulement il a découvert deux individus impressionnants de talent, deux visages singuliers, mais en plus il les dirige à merveille et leur fait travailler chaque expression avec beaucoup d’intelligence et d’originalité. Par exemple, le personnage de Suzy ne sourit jamais, même dans ses instants de bonheur et de tendresse partagés avec Sam, ce qui lui confère une légère étrangeté tantôt amusante tantôt intrigante.

Les enfants sont entourés d’un casting d’adultes exceptionnel ! On retrouve les fidèles de Wes Anderson comme Bill Murray et Jason Schwartzman, et des petits nouveaux tels Bruce Willis dans un rôle de policier amoureux qui représente d’une certaine façon le double adulte de Sam, ou encore Edward Norton en chef scout qui cherche encore la légitimité de son autorité. Le plan séquence où il inspecte le camp est formidable !

MOONRISE KINGDOM - image du film Wes Anderson Edward Norton - Go with the Blog
Bien sûr, MOONRISE KINGDOM pose rapidement les repères auxquels nous sommes habitués dans le cinéma de Wes Anderson. La séquence d’ouverture dans la maison de Suzy, avec ces travellings d’une pièce à l’autre puis d’un étage à un autre, rappelle beaucoup LA VIE AQUATIQUE. Mais rapidement, le cinéaste s’échappe de ce décor pour emmener son film en extérieurs et exploiter la richesse des décors naturels dans lesquels se déroule ensuite une très grande partie de l’histoire. Le travail réalisé sur l’exploitation des couleurs, des lumières naturelles, des paysages, des angles de prises de vue est vraiment très intéressant.

Il est assez difficile d’expliquer en quoi ce septième long-métrage de Wes Anderson réussit à être touchant et attendrissant tout en évitant absolument de tirer sur la corde trop facile de la sensiblerie. Sans doute en partie parce que MOONRISE KINGDOM n’est pas un film sur des enfants ou pour les enfants, mais un film d’adultes qui ont finalement les mêmes préoccupations que celles de Sam et Suzy : trouver leur place, trouver leur alter ego, aimer l’autre, exister aux yeux des autres, être différent tout en étant accepté par les autres. MOONRISE KINGDOM, c’est « le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure … » où tout est à la fois si simple et pourtant si compliqué.
MOONRISE KINGDOM - image du film Wes Anderson 2012 Scout - Go with the Blog

MOONRISE KINGDOM, sorti en France le 16 mai 2012.

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Article rédigé par Elle.

6 réponses sur « MOONRISE KINGDOM : scout toujours ! »

Film touchant en effet . J’ ajouterai juste qu’ Anderson dit s’être inspiré de l’ oeuvre picturale de Norman Rockwell et cela se sent sur certains plans . Par ailleurs, j’ aime assez la composition de B Willis ,qui alterne entre le registre à l’ opposé de ces prestations habituelles et le clin d’ oeil (volontaire ?) à la fin aux personnages qu’ il a l’ habitude de jouer

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