Marius et Fanny, c’est un couple qui fait partie de notre patrimoine littéraire aussi bien que cinématographique. Plus de quatre-vingt ans après les premières transpositions de cette histoire au cinéma, le défi d’une nouvelle adaptation est de taille ; et c’est ce pari audacieux que tente de relever Daniel Auteuil. Grand amateur de Marcel Pagnol, il était passé derrière la caméra pour la première fois en 2011 en réalisant LA FILLE DU PUISATIER. Aujourd’hui, il se confronte à la trilogie marseillaise : MARIUS et FANNY bénéficient d’une sortie simultanée en juillet, tandis que le troisième volet CÉSAR, arrivera dans nos salles en fin d’année.
MARIUS c’est l’histoire d’un jeune homme travaillant dans le bar de son père, un père qui l’aime autant qu’il l’étouffe. Marius rêve de partir sur un bateau pour explorer le monde, mais il ne vit aussi que dans l’attente d’épouser Fanny. Et ce bonheur qui lui semble promis avec celle qu’il aime, risque de devenir la tragédie de sa vie.
Raphaël Personnaz incarne avec grâce le personnage éponyme, séduisant mais jamais séducteur (comme nous avions pu le découvrir dans le délicat AFTER un peu plus tôt cette année), rêveur et fier. Ce premier volet de la trilogie nous permet de faire connaissance avec toute la galerie de personnages, et surtout de se plonger dans l’univers coloré et solaire de Pagnol.
Une des nombreuses réussites de ce film tient dans la reconstitution honnête et extrêmement plaisante de toute l’atmosphère de l’œuvre de Pagnol. Le piège d’un film à accent est parfaitement esquivé : tous les comédiens sont ici tout à fait crédibles, évitant toute caricature. La Provence, Marseille, son port et ses habitants, constellent ce long-métrage de moments de bonne humeur et de soleil.
Quant au deuxième volet FANNY – que certains cinémas vont projeter dans la continuité du premier film -, il reprend le récit exactement là où l’avait laissé MARIUS, et en constitue un prolongement indispensable.
C’est à la jeune et délicate Victoire Belezy que revient la lourde tâche de faire tourner la tête à toute la petite communauté. Si ses courbes l’aident, son jeu n’en reste pas moins l’élément clé. Elle insuffle d’ailleurs beaucoup de conviction et de fougue à son rôle dans ce deuxième long-métrage, où elle doit interpréter un personnage meurtri et fragile. En effet, si MARIUS a un côté dramatique drapé de sourires, FANNY acquiert une charge émotionnelle supplémentaire, la tragédie atteignant son point d’orgue.
Autour de Victoire Belezy et de Raphaël Personnaz, le casting composé de talents confirmés apporte justesse et expérience. Tous les rôles, des premiers au secondaires, sont au diapason. Mention spéciale à Jean-Pierre Darroussin qui interprète le touchant Monsieur Panisse.
Un mot aussi sur la performance de Daniel Auteuil, qui s’est attribué la délicate mission de reprendre le rôle si marqué de l’empreinte de Raimu. Il y arrive parfaitement en ne cherchant jamais l’imitation, mais bien au contraire en apportant sincérité et authenticité au personnage de César, qui apparaît ici beaucoup plus maternel.
Le réalisateur Daniel Auteuil remet au goût du jour l’atmosphère si propre aux œuvres de Marcel Pagnol, en ne touchant jamais à l’essentiel et qui en fait tout le charme : le texte, qui compte quelques répliques savoureuses, ancrées dans notre mémoire collective. D’ailleurs, les scènes mythiques réinterprétées ne perdent pas de leurs qualités car elles sont jouées avec cette touche de modernité nécessaire et suffisante, tout en respectant l’œuvre originelle.
Pour habiller cette histoire tragique, la musique d’Alexandre Desplat qu’on ne présente plus, spécialiste en la matière et plusieurs fois nommé aux Oscars pour des films hollywoodiens, parvient à rendre les scènes encore plus prenantes, et finit d’embarquer le spectateur dans cette fièvre romanesque méridionale.
Nous avons eu l’occasion de voir MARIUS et FANNY à la suite, et nous vous conseillons vraiment de le faire, ou tout du moins d’aller voir ces deux œuvres en salles ! L’histoire est telle que la dimension de la tragédie nécessite de voir ces deux beaux longs-métrages, afin d’en apprécier toute leur splendeur. De plus, en cette période estivale, c’est un vrai plaisir que d’aller voir ces films qui sont parfaitement de saison.
Lors de la projection des films, nous avons rencontré Daniel Auteuil venu répondre à nos questions. Souriant, très chaleureux et heureux de discuter de son projet, il nous a fait partager son attachement à l’oeuvre de Marcel Pagnol et sa valonté de ne pas la dénaturer. Il nous a aussi raconté les efforts d’ingéniosité dont il a dû faire preuve pour mettre en scène et retranscrire au mieux cette trilogie, avec finalement assez peu de moyens. Une formidable rencontre cinéphile avec un acteur devenu réalisateur, sincère et passionné 😉
Nous remercions Pathé Distribution et Way To Blue pour cette belle soirée en compagnie de Daniel Auteuil.
MARIUS et FANNY, deux sorties en France le 10 juillet 2013.
[youtube]http://youtu.be/VeMeogFJrW8[/youtube]
Article rédigé par Lui.
2 réponses sur « MARIUS et FANNY, deux films réalisés par Daniel Auteuil »
J’aime beaucoup ton article, il me donne les précisions que je voulais avoir (le jeu d’acteur, la crédibilité des personnages, le respect de l’oeuvre de Pagnol…).
En tout cas tu me donnes encore plus envie d’aller les voir, ces deux films ! Je me passe la B.A. en boucle en ce moment ahah.
Merci Audrey, ton commentaire fait très plaisir à lire.
Si on t’a donné l’envie c’est l’essentiel.
J’étais sceptique à propos du projet mais j’ai été agréablement convaincu.
Tu nous donneras ton avis de retour du ciné 🙂