JEUNE ET JOLIE : François Ozon côtoie la perfection

JEUNE ET JOLIE - affiche Go with the BlogCet été là, Isabelle fête ses dix-sept ans entourée de sa famille, dans Le Clos où ils passent souvent leurs vacances. Cet été là, Isabelle rencontre Félix, un allemand de son âge, lui aussi en vacances. Elle se laisse séduire, et un soir elle accepte de faire l’amour avec lui pour la première fois, sur la plage.
De retour à Paris pour la rentrée scolaire, Isabelle retrouve ses camarades et ses copines, mais ses désirs sexuels la travaillent de plus en plus. Un jour en quittant le lycée, un homme d’un certain âge la suit et lui propose de l’argent pour avoir une relation sexuelle avec elle. Il lui laisse son numéro de téléphone. Quelques jours plus tard, Isabelle rappelle cet homme.
Quatorzième long-métrage de François Ozon, JEUNE ET JOLIE a fait partie de la Sélection Officielle du Festival de Cannes en 2013. Reparti certes sans récompenses, le film a pour autant marqué les esprits et suscité de nombreuses réactions.

Il faut être clair dés le départ, JEUNE ET JOLIE n’est pas un film sur la prostitution d’une adolescente. D’abord, Isabelle n’a pas besoin d’argent. Élevée dans une famille bourgeoise parisienne, la jeune fille fréquente l’un des lycées les plus sélect de la capitale, et ne manque de rien. Si ses parents sont divorcés, elle vit dans un environnement tout à fait stable et équilibré.
Isabelle fait un vrai choix en décidant de vendre son corps à des hommes d’âge divers. Ces hommes, elle les sélectionne au gré des sollicitations qu’elle reçoit par le biais d’un site de rencontres sexuelles, sur lequel elle s’est elle-même inscrite.

JEUNE ET JOLIE - photo du film Go with the Blog

Délicat et extrêmement juste dans son propos, JEUNE ET JOLIE est une très belle œuvre et une absolue réussite selon nous ! François Ozon a travaillé son sujet avec beaucoup de méticulosité et de patience afin d’être le plus précis dans sa façon de raconter une année de la vie de cette adolescente. Au fil des quatre saisons qui s’égrènent (et des chansons de Françoise Hardy, qui en rythment chacune d’entre elles), le personnage principal avance, hésite, se laisse porter aussi, fait des choix, grandit. Alors certes, cette adolescente se prostitue, et bien entendu le jeu auquel elle joue est terriblement dangereux. Mais il faut outrepasser ce thème pour y voir davantage ici la question de la sexualité d’une fille dont le désir croît au fil des jeux sexuels auxquels elle s’adonne, une fille qui prend goût à cette relation semi perverse de dominée/dominante, une fille qui a envie de vivre pleinement sa sexualité, même dans ses formes les plus borderline.

JEUNE ET JOLIE - image du film Go with the Blog
On apprécie toute la tendresse que semble visiblement porter le réalisateur à sa jeune actrice, la sublime et mélancolique Marine Vacth dont c’est ici le premier vrai rôle au cinéma. La demoiselle nous évoque tantôt une Maïwenn dans ses tendres années, rebelle et hésitante à la fois, tantôt Vanessa Paradis dans NOCE BLANCHE, sensuelle, attirante, dévorante.
Marine Vacth est de tous les plans et cristallise la caméra. Sans jamais tomber dans la minauderie ou la fausse érotisation de son personnage, elle livre une performance de comédienne extrêmement sensible et intelligente, et surtout très subtile.
À ses côtés, on se doit de souligner la très bonne idée de casting de confier le rôle de la mère d’Isabelle à Géraldine Pailhas (que l’on se réjouit à chaque fois de retrouver à l’écran), qui interprète avec une très grande acuité et une clairvoyance impressionnante cette maman déstabilisée et perdue face au comportement de sa fille.

JEUNE ET JOLIE - photo du film Go with the Blog

Exploration du désir féminin (sans jamais sombrer dans les bêtises d’un quelconque féminisme), passage de l’adolescence à l’âge adulte, quête de soi-même et de sa place dans la société, recherche d’une existence à travers le regard des autres, à travers le regard des hommes, JEUNE ET JOLIE s’affirme tout à la fois comme le portrait sensible d’une jeune fille à la découverte d’elle-même, de ses limites, qui cherche à exister dans le désir des autres, dans le désir qu’elle provoque et qu’elle suscite.

Surtout, JEUNE ET JOLIE impressionne par la justesse et la sensible précision de son propos, refusant tout jugement, mais n’idéalisant jamais le choix de cette sexualité, certes terriblement érotique mais aussi dangereuse. C’est un des rares films qui réussit avec tant de délicatesse et de sagacité, à rendre compte de la perversion inhérente au désir sexuel, qui n’est pas l’apanage de la sexualité masculine. Et ça, c’est un homme qui nous le raconte.

JEUNE ET JOLIE, sortie en France le 21 août 2013.

[youtube]http://youtu.be/m9lLtOxlQDY[/youtube]

Article rédigé par Elle.

4 réponses sur « JEUNE ET JOLIE : François Ozon côtoie la perfection »

Merci pour cet article, du coup je suis allé voir le film.

En effet, ce film est très intéressant et évite de tomber dans le vulgaire grâce à la subtilité du réalisateur.
J’ai juste trouvé la fin un peu expéditive.

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