EVERY THING WILL BE FINE, réalisé par Wim Wenders

EVERY THING WILL BE FINE - Wim Wenders affiche France - Go with the BlogAprès une série de documentaires particulièrement étonnants et passionnants (dont LE SEL DE LA TERRE, César 2015 du Meilleur Documentaire), Wim Wenders revient à la fiction avec EVERY THING WILL BE FINE. Le réalisateur allemand n’avait en effet plus tourné de film  de fiction depuis 2008.

Mélodrame assumé, EVERY THING WILL BE FINE réunit un surprenant casting franco-canado-américain avec Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams et James Franco (bien heureux au milieu de toutes ces jolies actrices 😉 ).
On suit à travers les années le parcours de Tomas, jeune écrivain en manque d’inspiration, dont la vie est alors bouleversée par un terrible accident de voiture dont il est à l’origine, et qui coûte la vie à un petit garçon. Traumatisé, Tomas tente de refaire surface, épaulé par Sara, sa vaillante petite amie, toujours là pour lui malgré la souffrance.
Les années passent, Tomas a quitté Sara, et l’écrivain a rencontré le succès et un autre amour … Jusqu’à ce que son passé le rattrape.

À première vue en lisant le résumé de l’histoire de EVERY THING WILL BE FINE, on a envie de se dire que ce long-métrage embrasse des thématiques certes très classiques mais plutôt intéressantes : la culpabilité, la rédemption, le destin, survivre à un drame, … Mais une fois devant l’écran, on se demande ce qui a bien pu se passer dans l’esprit de Wim Wenders pour en arriver là ! …

Étouffé par un pathos d’une lourdeur ahurissante, ce mélodrame s’égare très rapidement dans la nébuleuse des routes enneigées du Canada ; à vouloir aborder tous les sujets en même temps, à la fois ceux mentionnés ci-dessus mais aussi la question de l’inspiration créative, le manque d’inspiration, la fidélité amoureuse et on en passe, EVERY THING WILL BE FINE noie véritablement son spectateur dans un flot de thématiques dont aucune n’est jamais pleinement exploitée.
EVERY THING WILL BE FINE - Rachel McAdams James Franco Image 3 - Go with the Blog
Le personnage de Tomas, interprété par James Franco, quasi omniprésent à chaque scène, erre au fil des séquences du film et des années qui passent, traînant avec lui son spleen et une espèce de distance permanente vis-à-vis de ce qui lui arrive (qu’il s’agisse de ses ruptures amoureuses ou de cet accident de voiture), presque une nonchalance agaçante …

On ne comprend pas bien ce qu’essaie de faire Wim Wenders avec ce personnage, et aussi avec son acteur principal. On se retrouve alors avec des scènes vides de sens : pêle-mêle, on peut citer en exemple cette scène au concert où James Franco revoit des années après Rachel McAdams (son ex petite amie) qui le gifle puis tourne les talons, ou encore l’accident à la fête foraine dont on cherche encore l’intérêt dans la narration (??).

Si l’on sent bien que le film cherche avant tout à questionner le temps qui passe, multipliant d’ailleurs les ellipses temporelles, et aussi à interroger le destin et ses fortunes diverses, l’ensemble se montre tout de même particulièrement laborieux et maladroit.
EVERY THING WILL BE FINE - Charlotte Gainsbourg James Franco Image 5 - Go with the Blog
Au milieu de tout cela, le casting fait ce qu’il peut : Charlotte Gainsbourg pleure beaucoup mais ne nous aide pas pour autant à saisir pleinement sa souffrance de mère qui a perdu l’un de ses jeunes fils (et ce n’est pas ce début d’attirance avortée pour James Franco, meurtrier malgré lui de l’enfant, qui va nous aider à y voir plus clair). Rachel McAdams et Marie-Josée Croze ne sont guère mieux loties avec des personnages confus et sans grand relief, servant de faire-valoir à James Franco plus qu’autre chose.

À cette confusion des sentiments et des sujets abordés, s’ajoute une bande son composée par le français Alexandre Desplat dont on adore le travail habituellement, mais qui semble bien peu inspiré ici. Surtout, la musique du film se révèle très souvent inappropriée en essayant d’installer un suspense digne d’un thriller à haute tension, alors qu’on est dans un mélodrame centré sur des personnages en quête d’un sens à donner à leur vie …
EVERY THING WILL BE FINE - Wim Wenders James Franco Image 1 - Go with the Blog

Alors certes, on se doit de souligner le travail assez remarquable de Benoît Debie (le directeur photo qui a le vent en poupe et que tout le monde s’arrache depuis quelques années, et qui a récemment sublimé le LOST RIVER réalisé par Ryan Gosling), qui offre ainsi au film une lumière sublime et une photographie particulièrement soignée. Mais ces plans naturalistes ne suffisent guère à maintenir en éveil notre intérêt pour EVERY THING WILL BE FINE.

Et puis surtout, il faut mentionner le fait que ce long-métrage sort sur nos écrans en 3D. Oui, un mélodrame en 3D. Wim Wenders n’a eu de cesse d’expliquer à longueur d’interviews tout l’intérêt qu’il porte à cette technologie, comment elle rapproche le spectateur des acteurs et donc des personnages, etc … Alors OK, sauf que dans EVERY THING WILL BE FINE le recours à la 3D frôle la blague, puisqu’elle n’est jamais exploitée pour sa profondeur de champ ! C’est bien simple, j’ai ôté mes lunettes très régulièrement pendant la projection du film, pour me rendre compte qu’à l’écran avec ou sans 3D, il n’y avait strictement aucune différence.
Faut-il rappeler à Wim Wenders qu’en France, le spectateur doit s’acquitter d’1 euro supplémentaire pour chaque séance de cinéma en 3D, versus une séance de cinéma classique ? …

EVERY THING WILL BE FINE, sortie en France le 22 avril 2015.

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Article rédigé par Elle.

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5 réponses sur « EVERY THING WILL BE FINE, réalisé par Wim Wenders »

Je suis globalement d’accord avec ce commentaire. C’est pénible de devoir dire qu’on trouve le film long et sans beaucoup d’intérêt après avoir adoré « Le sel de la terre »…Néanmoins j’ai apprécié la photographie, la musique Alexandre Desplat et la 3D : à ce sujet, qui ? depuis Avatar n’a pas gardé les lunettes ? (OK je fréquente toujours les salles UGC). Et pour moi la présence dans la salle de Sebastiao Salgado que j’ai pu approcher lors de l’avant première sera pour toujours un excellent souvenir lié à ce film.

Salut Clo,

D’abord merci pour ton avis sur le film 🙂
Nous ne sommes pas exactement d’accord au sujet de la musique du film & de l’utilisation de la 3D, mais c’est totalement compréhensible, ce sont des ressentis après tout.
Par contre tu fais bien de le dire, EVERY THING WILL BE FINE est particulièrement long, et le récit se perd véritablement.

Au sujet de la 3D (et du surcoût des séances 3D dans les cinémas) : je ne vais pas très souvent dans les cinémas UGC, en revanche dans les cinémas du réseau Gaumont-Pathé (et le réseau Gaumont est très implanté en province notamment), il y a un surcoût d’1 euro à toutes les séances en 3D, même si tu viens avec ta paire de lunettes !
Ce surcoût est facturé pour « amortir les frais d’équipement des salles », ce n’est pas le coût des lunettes. Voilà pour la précision 🙂

Merci encore de ton avis, à très bientôt sur Go with the Blog ! 😉

Euh en général c’est même 2€ de plus.
J’évite la 3D au possible, encore plus quand des réalisateurs intéressants n’ont pas réussis à me faire changer d’opinion sur l’utilisation de ce GADGET (so far).
Le pire c’est que c’est en majorité sur des films à un taux incroyablement élevé images CGI. Bref tout est faux, même la 3D.
Voilà pourquoi ce Wenders, metteur réfléchi, avec un sens de l’image, m’aurait intéressé dans ce format. En plus du (des) sujet(s) (qui semblent s’être perdus). Ne serais-ce que pour confirmer la non utilité de la 3D au cinéma.
Mais voilà ni 3D près de chez moi pour celui-là, trop de sorties, dont celles qui attise plus ma curiosité.
Si votre critique s’en mêle en plus…

Bonjour widescreen,

Nous aussi, on évite les films en 3D car on n’est vraiment pas fan, et surtout ça nous fait plutôt mal aux yeux.
Par contre pour les films que l’on voit en projection presse, on n’a pas le choix, et la 3D est souvent imposée.

Dans le cas de ce film de Wim Wenders, même avec toute la bonne volonté du monde, je ne vois vraiment pas l’utilité & l’intérêt de cette 3D. Et malgré tout ce que Wenders tente d’expliquer dans ses interviews, perso j’ai trouvé qu’on frôlait le foutage de gueule avec cette 3D. D’autant qu’elle assombrit (comme à chaque fois) le beau travail de Benoît Debie sur la photo du film … Donc entendre Wenders nous vantait l’intérêt artistique de la 3D, on rêve un peu quand même …

Aucun intérêt artistique…
C’est bien là que le gimmic 3D échoue.
Contrairement ce que peu faire, un montage, une photo, un effet live de caméra, les fx, même cgi utilisés à bon escient (les effets invisibles souvent), un mixage son, la couleur ou le n/b, tout les aspect technique (décors, costumes…). Ou tout simplement un bon script.

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