APPRENTICE : dans le couloir de la mort de Singapour

APPRENTICE - Affiche film Boo Junfeng France 2016 - Go with the BlogAPPRENTICE est un film de Boo Junfeng, réalisateur originaire de Singapour qui fut le tout premier de ce pays à venir présenter un film au Festival de Cannes, en 2010, avec sa première réalisation SANDCASTLE.
Boo Junfeng est de retour au Festival en 2016 avec APPRENTICE, présenté dans la sélection Un Certain Regard.

APPRENTICE met en scène Aiman, nouvel employé dans une prison Singapourienne placée sous haute sécurité. Il fait rapidement la connaissance de Rahim, le bourreau en chef, chargé d’exécuter les condamnés à mort. Les deux hommes passent du temps ensemble, et Aiman va peu à peu apprendre les ficelles du métier de bourreau jusqu’à en manier parfaitement les rudiments. Mais il est vite rattrapé par sa conscience et ses véritables motivations …

Il faut savoir que le film a été tourné au sein de la prison Laragan (aussi appelée ‘la prison interdite’) à Singapour ; en revanche, la salle de pendaison que l’on voit dans le long-métrage, ne fait pas véritablement partie de la prison.

Le thème de la peine de mort a déjà été abordé de nombreuses fois au cinéma et aussi à la télévision. En revanche, ces exécutions carcérales ont rarement été montrées du point de vu des exécutants. APPRENTICE est donc très intéressant, car il montre le côté humain du métier de bourreau, auquel on ne pense jamais.

Le bourreau n’est pas un homme sans cœur ni sentiments. Non, il éprouve des remords, il a une conscience, il se préoccupe des conditions de vie des condamnés … L’exécutant s’assure en effet que le condamné souffre le moins possible, et toute la mise en scène de pendaison est minutieusement mise au point en fonction du détenu. Ce métier de bourreau n’est pas facile à assumer, puisque la plupart du public est contre la peine de mort, voyant les exécutants comme de véritables assassins.

Aborder ce sujet permet également d’ouvrir le débat sur la peine de mort chez le spectateur. Car dans son film, le réalisateur Boo Junfeng ne prend absolument pas parti, et reste neutre. Tout comme le personnage principal, Aiman, qui exécute les tâches qui lui sont demandées sans se poser de questions, et sans a priori. Cette neutralité dans la prise de position permet au spectateur de mieux s’identifier au personnage, ne se sentant pas obligé d’avoir un avis définitif sur le sujet.

Afin de retranscrire au mieux toutes les méthodes, ainsi que les émotions, le film a été réalisé sur cinq longues années. Ces cinq ans ont été nécessaires pour recueillir les témoignages des exécutants, des conseillers religieux qui sont souvent très proches des condamnés, les familles des détenus, pour savoir ce qu’ils endurent.

Au-delà d’engager les débats chez les spectateurs, le réalisateur d’APPRENTICE souhaite également avec son œuvre faire réagir les Singapouriens : rassurés par le taux très faible d’insécurité dans leur pays (dû à l’exécution pure et simple des malfaiteurs), ses compatriotes ne veulent pas se poser la question de l’abolition de la peine de mort, et se contentent de leur propre satisfaction à être en sécurité jour et nuit.

Le réalisateur ne tourne pas autour du pot, et l’on entend dès les premières images des sons de cordes que l’on noue qui veulent tout dire. Le recrutement du jeune Aiman au sein de la prison de Singapour est également introduit immédiatement.
Le spectateur ne découvre que plus tard les véritables motivations du jeune homme à travailler dans ce milieu professionnel, et il est intéressant de voir l’évolution de son rapport avec le métier de bourreau malgré son passé, au fil de l’histoire.

L’acteur Fir Rahman qui interprète le personnage d’Aiman, tient ici son premier rôle au cinéma. Le métier de bourreau de son personnage nécessite une absence d’expression sur son visage lors des exécutions, ce qu’il arrive parfaitement à faire. Absolument aucune émotion ne peut se sentir dans son regard ; reste à espérer que cette neutralité dans le regard n’est que passagère, et qu’à l’avenir l’acteur aura l’opportunité de nous montrer une palette plus large d’émotions.
En revanche, l’acteur malaisien Wan Hanafi Su (dont c’est également le premier rôle au cinéma), est beaucoup plus expressif dans son personnage de mentor, dont la dureté du regard fait froid dans le dos !

Attention : APPRENTICE contient des scènes choc lors des pendaisons des détenus, même si d’autres scènes en revanche sont simplement suggérées. Âmes sensibles s’abstenir.

APPRENTICE, sortie en France le 1er juin 2016.

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Article rédigé par Julie.

2 réponses sur « APPRENTICE : dans le couloir de la mort de Singapour »

Merci pour cette critique, je suis allé voir Apprentice aujourd’hui et effectivement…la claque du jour ! Un film indispensable.

Bonjour Alex-positif,

Merci pour votre commentaire ! Comme vous avez apprécié le film, n’hésitez pas à en parler autour de vous, des spectateurs en plus ne sont jamais de trop 😉

Belle journée à vous, et à très bientôt sur Go With The Blog ! 🙂

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