12 YEARS A SLAVE : la fureur de survivre

12 YEARS A SLAVE - affiche du film FrAu milieu du XIXème siècle aux États-Unis, Solomon Northup vit avec sa famille dans l’État de New York, là où les noirs peuvent vivre librement tandis que dans les états du Sud du pays, l’esclavage est une pratique absolument courante. Trompé par des escrocs, Solomon se retrouve vendu, enfermé, puis emmené en bateau en Louisiane. Là, dans l’enfer des champs de coton, il passe d’un maître à un autre, et tente de survivre face à la cruauté sans limites des propriétaires d’esclaves.

Pour son troisième long-métrage, l’anglais Steve McQueen s’empare d’une histoire vraie, s’inspirant des mémoires écrites par Solomon Northup lui-même, qui passa donc douze longues années en Louisiane en tant qu’esclave. De ce sujet fort et chargé en émotion, le réalisateur en tire une œuvre cinématographique ultra réaliste dont on ne ressort pas vraiment indemne.

Le premier grand mérite de 12 YEARS A SLAVE c’est d’éviter en permanence l’émotion trop facile. Privilégiant sans relâche un réalisme dépouillé de tout effet inutile, le film montre ce qu’il est difficile de voir, mais qu’il faut pourtant bien regarder en face. Bien sûr, Steve McQueen s’appuie sur une histoire forte, terrible, violente. Mais il le fait avec un respect qui transparaît réellement à l’écran, ne tombant jamais dans la facilité d’une sensiblerie à laquelle de nombreux autres réalisateurs se seraient très probablement rattachés.

12 YEARS A SLAVE - image du film 1Mais ce que l’on retient de 12 YEARS A SLAVE, c’est son casting exemplaire et exceptionnel, à tous les niveaux, tant dans les premiers rôles que dans les rôles secondaires. Bien entendu, il y a tout d’abord Chiwetel Ejiofor, qui interprète Solomon Northup. Réalisé du point de vue de cet homme noir qui découvre l’enfer de l’esclavage (alors qu’il se pensait inatteignable par cette horreur dans sa vie au Nord des États-Unis), le film ne lâche jamais le comédien, quasiment omniprésent à l’écran.
Tout comme la mise en scène, Chiwetel Ejiofor ne surjoue pas l’émotion. Au contraire, l’acteur, par moments muet, nous fait ressentir la douleur, la souffrance, son errance, mais aussi sa rage et sa fureur de survivre à travers son regard ultra expressif, que Steve McQueen sublime par quelques plans fixes sur les yeux de son comédien. Inoubliables.

12 YEARS A SLAVE - image du film 2Autour de Chiwetel Ejiofor, on se doit d’évoquer les prestations tout aussi puissantes, et touchant au sublime, des autres membres du casting. Benedict Cumberbatch (qui au passage s’impose de plus en plus comme une valeur montante à Hollywood) interprète le premier maître de Solomon. Esclavagiste que l’on qualifiera de « modéré » (si tant est que cela veuille dire quelque chose), il campe son personnage avec une certaine grandeur et une vraie subtilité dans son jeu.
Paul Dano (toujours aussi passionnant film après film, comme on vous en parlait dans notre article sur PRISONERS par exemple), petit contremaître incontrôlable et abusant de son pouvoir, nous fait flipper comme rarement un acteur est capable de le faire ! Son visage laisse apparaître tout ce que la folie a de plus effrayant.

Et puis il y a Michael Fassbender, acteur fétiche du réalisateur, qui collabore ici pour la troisième fois avec Steve McQueen. Même s’il n’apparaît que dans la seconde moitié de 12 YEARS A SLAVE, il campe Edwin Epps, deuxième « propriétaire » de Solomon, avec une violence et une démence que l’on n’est pas près d’oublier. Ce maître esclavagiste ne connaît pas de limites dans son infamie et sa domination. Totalement rongé par son aliénation et sa soif de domination, le personnage semble être capable du pire et même au-delà, et Fassbender restitue cette folie à l’écran avec un impressionnant et effroyable réalisme.
12 YEARS A SLAVE - image du filmAu milieu de cette terreur silencieuse, 12 YEARS A SLAVE donne tout de même à voir aussi la singulière beauté de La Louisiane, et il faut signaler que Steve McQueen filme cette partie des États-Unis avec une lumière indispensable et salvatrice, comme une lueur d’espoir à laquelle se raccrocher pour ne pas sombrer. Le personnage de Solomon Northup se distingue d’ailleurs des autres esclaves noirs qui l’entourent, par cet espoir qui ne le quitte jamais, et cette conviction inaltérable que son destin et sa vie ne peuvent être réduits à cette condition infâme. Une rage de survivre exemplaire.

Avec 12 YEARS A SLAVE, Steve McQueen ne donne pas de leçon mais raconte l’indicible, et donne à voir l’insupportable. Il faut pourtant ouvrir les yeux sur une réalité qui a bel et bien existé, et qui est resté la norme pendant des décennies et des décennies. Au-delà de l’horreur et de la violence du film, 12 YEARS A SLAVE saisit surtout l’Histoire par le cou pour l’exposer à nos générations. Puissant, âpre et ultra réaliste, il est de ces films que l’on n’oublie pas. Définitivement.

12 YEARS A SLAVE, sortie en France le 22 janvier 2014.

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Page Facebook officielle du film 12 YEARS A SLAVE.

Article rédigé par Elle.

8 réponses sur « 12 YEARS A SLAVE : la fureur de survivre »

Bonsoir
ça confirme l’écho que j’ai eu d’une amie: le film l’a beaucoup marqué. ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas été autant touché par un film .

Merci natieak pour ton commentaire et ta réaction 🙂
Nous t’invitons vraiment à aller voir ce film, qui même s’il est dur et violent, est vraiment un film à ne pas manquer.
On espère que ton amie et nous, aurons réussi à te convaincre 😉

À Bientôt !

Bonjour Djahann,

12 YEARS A SLAVE est un film assez dur, donc tu risques effectivement d’être bouleversée.
Après, c’est un film exceptionnel, donc on ne peut que t’inviter à le découvrir, mais c’est sûr que ça ne sera pas de tout repos.
Si tu vas le voir, n’hésites pas à repasser par ici pour nous donner ton avis 🙂
Merci pour ton message.

Bonjour Cédric,
Merci pour ton commentaire sur le film.
On rejoint totalement ton ressenti, et finalement il n’y a plus grand chose à dire après un tel film. « Superbe tout simplement », oui !

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