MARTHA MARCY MAY MARLENE : qui es-tu, Martha ?

MARTHA MARCY MAY MARLENE est de ces films qui vous travaillent un long moment après être sorti de la projection. Première réalisation de Sean Durkin, il nous raconte comment Martha, qui a passé ses deux dernières années au sein d’une communauté sectaire dans les monts Catskill des Etats-Unis, trouve alors refuge chez sa sœur Lucy et le mari de celle-ci, qui habitent tous les deux dans une maison cosy située au bord d’un lac.
En proie à la paranoïa et à des troubles de la personnalité, Martha est désespérément en quête d’elle-même dans un environnement certes chaleureux, mais pourtant dépourvu de tout repère pour elle.

Le film s’ouvre sur la fuite de la jeune femme qui quitte un matin la ferme isolée où vivent les membres de cette communauté polygame. En quelques plans lents et avec une économie de dialogues, le réalisateur nous rend compte de l’âpreté et du climat d’enfermement psychologique de ce lieu de vie (ou plutôt d’illusion de vie). Et c’est justement ce choix de mise en scène sobre et dépouillée, refusant l’analyse psychologique mais privilégiant une caméra toujours au plus près de son personnage,  qui va dicter le ton et l’atmosphère du film.

Elizabeth Olsen, dont c’est le premier rôle au cinéma, incarne avec une subtilité folle et une grâce évanescente cette jeune femme sans identité, presque sans visage, et en même temps à la personnalité multiple. Car paradoxalement, c’est une fois échappée de cette communauté qui a si bien manipulé son esprit et lui a façonné une nouvelle identité (elle y portait le nom de Marcy May), que sa lente descente aux enfers de la dépression et de la paranoïa ne fait que commencer. Martha, incapable de mettre des mots sur son vécu et sur sa souffrance, cherche inexorablement à comprendre -et à faire comprendre à ceux qui l’entourent-  l’incompréhensible. Et son mutisme nous dit l’indicible.
MARTHA MARCY MAY MARLENE - image du film - Go with the BlogSean Durkin retranscrit avec une certaine ingéniosité cette perte de repères et le trouble profond de son personnage grâce à un jeu de miroir entre les deux lieux qui servent ici de décors  : d’un côté une ferme perdue quelque part dans l’Amérique, sans localisation précise et détachée de toute notion de temps, de l’autre une résidence bourgeoise, paisible, suspendue au flanc d’une colline au bord d’un très grand lac.

 MARTHA MARCY MAY MARLENE est un film que l’on peut qualifier de violent car, à l’image de Lucy et son mari, nous sommes spectateurs de la souffrance terriblement bien retranscrite ici de ce personnage féminin.

Le seul bémol que l’on adresse à ce premier long-métrage, c’est de n’avoir su échapper à plusieurs clichés du film indépendant estampillé Sundance Festival : absence de générique d’ouverture, quasiment pas de bande-son, grain d’image vaporeux.  Mais cela ne nous empêche pas de souligner la justesse du travail de Sean Durkin, un réalisateur à suivre donc et dont on attend déjà avec impatience les prochaines réalisations.

MARTHA MARCY MAY MARLENE, sorti en France le 29 février 2012.

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Article rédigé par Elle.

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