GRAND CENTRAL : petite histoire et grande déception

Grand central - affiche du film Gary est un débrouillard : de galères en galères, de plans bancals en solutions foireuses, il passe d’un job à l’autre au gré des circonstances. Par hasard, on lui propose de travailler dans une centrale nucléaire, au plus près du danger. Il accepte et se voit intégrer à la communauté de ceux qui travaillent au cœur de la centrale, là où la solidarité est forte et la confiance nécessaire car à la moindre erreur, c’est la dose fatale.
Gary s’y sent bien et côtoie des gens qui lui ressemblent, des gens simples et chaleureux. Surtout Gilles, le chef d’équipe et patriarche, Tony son meilleur ami, et Karole la femme de Tony, qui ne laisse pas insensible Gary. Entre cette relation interdite et les dangers de son métier, il joue avec le feu, avec sa vie, avec un danger invisible et donc encore plus violent.

Adapté du roman « La Centrale » d’Elisabeth Filhol, GRAND CENTRAL a été présenté pour la première fois au Festival de Cannes de 2013 dans la sélection Un certain Regard. La réalisatrice Rebecca Zlotowski, déjà habituée aux univers particuliers dans son précédent film BELLE ÉPINE, s’attaque cette fois-ci au très surprenant monde des ouvriers qui travaillent au sein même des centrales nucléaires.

Néanmoins, il ne faut pas rechercher une dramaturgie sociale dans ce projet, GRAND CENTRAL est avant tout un film d’amour mettant en scène une romance interdite. C’est le premier défaut de ce long-métrage, la sous-utilisation de l’univers des personnages. Certes, la réalisatrice nous expose quelques scènes flirtant avec les clichés de l’amitié virile ou de la générosité des gens qui n’ont pas grand chose ; mais l’idée ne va pas bien loin, malgré de nombreuses tentatives pour nous rappeler que c’est un monde froid, violent, et mettant en danger de mort ceux qui le fréquentent.

Grand Central - photos du film

La romance gagne peu à peu l’histoire pour en faire quelque chose de très classique au final. Classique et assez creux, car les deux protagonistes principaux Gary et Karole – respectivement interprétés par Tahar Rahim et Léa Seydoux –, vivent une relation qui s’apparente plus à un banal plan cul qu’à une passion dévastatrice. Les faire s’allonger dans les herbes hautes, une brindille dans la bouche, n’est franchement pas très imaginatif, mais surtout ne permet pas au spectateur de se prendre d’empathie pour ce couple interdit dont finalement le destin importe peu.

Grand Central - images du film

De surcroît, le personnage de Léa Seydoux ne semble pas du tout s’accorder avec son amant, et de manière plus générale avec l’univers dans lequel elle baigne. Trop propre, trop sensuelle, on peine à l’imaginer vivre réellement plus de vingt-quatre heures avec les autres personnages. Cela est d’autant plus dommageable que le reste du casting est réellement remarquable. Sans surprise, Tahar Rahim et Olivier Gourmet crèvent l’écran, et ce pauvre cocu qu’est Denis Ménochet est également touchant, bien qu’un peu trop conciliant. D’ailleurs, les scènes entre eux sont les plus réussies et apportent cette profondeur qui manque tant au reste du film.

Si le casting est brillant, le scénario est plutôt au raz des pâquerettes, et il n’est pas rare dès l’entame d’une scène de connaître son aboutissement sans aucune surprise et avec regret. De ce fait, les scènes s’alignent les unes après les autres sans suspens et sans réelle tension. Au fil des minutes qui s’égrènent, l’ennui et la lassitude semblent être les deux sentiments qui gagnent le plus le cœur du spectateur. GRAND CENTRAL est d’autant plus frustrant que le postulat de départ était enthousiasmant ; mais le résultat définitif déçoit et ne parvient pas à être sauvé par le talent des comédiens.

GRAND CENTRAL, sortie en France le 28 août 2013.

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Article rédigé par Lui.

2 réponses sur « GRAND CENTRAL : petite histoire et grande déception »

[…] ROCK THE CASBAH est une agréable surprise de cinéma, pourtant nous avions une certaine appréhension. En effet, beaucoup de films surfent sur cette vague du membre de la famille parti à l’étranger, et qui revient au pays. Bien que ce sujet soit également abordé ici, il n’est pas l’unique thème traité, et l’on assiste aussi à une magnifique représentation du Maroc, authentique et sincère. Ce film restitue une ambiance à la fois moderne et respectueuse du passé, grâce notamment à une bande originale de qualité orchestrée par ROB (claviériste du groupe Phoenix et auteur également des bandes originales de MANIAC et de GRAND CENTRAL). […]

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