SICARIO : à la frontière du Bien et du Mal

SICARIO - Affiche du film France Benecio del Toro Emily Blunt 2015 - Go with the BlogAprès l’électrochoc PRISONERS sorti en 2013, le réalisateur canadien Denis Villeneuve nous revient avec SICARIO, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2015. Changement total de sujet, d’ambiance (quoique …) et de personnages, dans SICARIO on est plongé dans le bourbier ultra complexe du trafic de drogues à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, là où les cartels imposent leurs règles, tuent et s’entretuent.

Après une découverte macabre dans la maison d’un chef de cartel en Arizona, Kate une jeune recrue du FBI se retrouve envoyée en mission aux côtés d’un groupe d’intervention d’élite, dirigé par un agent du gouvernement. Forte de ses convictions et de son idéal de justice, Kate pense que cette mission, sur laquelle on lui distille au compte-gouttes les véritables objectifs, va permettre de nettoyer la région d’un des plus gros leaders du trafic de drogues. Mais elle ne sait pas tout.

On ne va pas y aller par quatre chemins, SICARIO est un film choc, une claque cinématographique. Nous embarquant au départ dans un énième film sur le trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine, cette nouvelle réalisation de Denis Villeneuve se révèle en réalité comme une terrible partie d’échecs d’une froideur glaçante. Avec un scénario d’une intelligence folle et d’un machiavélisme cinglant, SICARIO dessine un univers complexe, où les limites entre le Bien et le Mal sont totalement brouillées.
SICARIO - Image 1 du film Denis Villeneuve Benicio del Toro 2015 - Go with the Blog

Sur un scénario de Taylor Sheridan, SICARIO refuse le manichéisme trop facile des histoires sur les cartels et le trafic de drogues. Le film dépeint un monde globalisé, arachnéen, dans lequel le personnage de Kate interprété par Emily Blunt, finit par ressembler à une brebis égarée, dont l’idéal qu’elle se fait de son métier va voler en éclats, mais pas forcément comme on aurait pu l’imaginer.

Le personnage de Kate est particulièrement intéressant car il est en quelque sorte dans la même position que le spectateur : il avance sans trop savoir, sans avoir forcément toutes les cartes en main, découvrant petit à petit les tenants et les aboutissants de cette mission.
Servi par une Emily Blunt impeccable qui une fois encore, après EDGE OF TOMORROW, n’hésite pas à s’investir dans un rôle physique, musclé, intense, ce personnage bénéficie immédiatement de l’empathie du spectateur qui s’attache véritablement à elle, jusqu’à s’identifier à elle dans sa quête éperdue de justice.
SICARIO - Image 2 du film Denis Villeneuve Benicio del Toro 2015 - Go with the Blog
On savait déjà que Denis Villeneuve était un metteur en scène de grand talent, extrêmement précis, ne laissant jamais rien au hasard, mais il est aussi un formidable directeur d’acteurs ! Une fois de plus, il entraîne avec lui l’ensemble de son casting dans une partition complexe et d’une grande richesse. Parmi eux, Benicio del Toro – dont le génie n’est plus à prouver – se révèle tout simplement exceptionnel.
On ne peut pas en dire trop car il est absolument fondamental de ne rien dévoiler des méandres secrets du scénario, dont l’intriguant personnage qu’interprète Benicio fait intégralement partie.

Quoi qu’il en soit, de Josh Brolin au jeune Daniel Kaluuya, tous les comédiens sont ici au diapason d’un cinéaste qui maîtrise incroyablement son sujet, avec une intelligence et une puissance de tous les instants.
SICARIO - Image 3 du film Denis Villeneuve Benicio del Toro 2015 - Go with the Blog
Avec un suspense crispant et une tension extrême, renforcée par la bande-son brutale de l’islandais Jóhann Jóhannsson, SICARIO est noir comme le désespoir, offrant un voyage au cœur du Mal dans toute sa complexité et ses multiples facettes.
Derrière sa fausse linéarité, le long-métrage de Denis Villeneuve interroge sur ce que sont les notions de Bien et de Mal dans un monde gangréné et corrompu, sur le sens même du mot frontière, sur l’intérêt du groupe face aux motivations personnelles, sur les limites de l’humain, poursuivant ainsi une vaste réflexion que le réalisateur développe avec brio film après film.

 

Page Facebook officielle de SICARIO.

SICARIO, sortie en France le 07 octobre 2015.

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Article rédigé par Elle.
SICARIO - Visuel large Facebook bandeau Affiche France - Go with the Blog

10 réponses sur « SICARIO : à la frontière du Bien et du Mal »

Bonsoir !

Contente de lire un article sur Sicario (ou la Vengence del Toro !)
Oui je l’ai rebaptisé comme ça, car c’est pour moi la meilleure définition de ce film.
Nous retrouvons un acteur qui nous fait froid dans le dos du début à la fin en harmonie avec les musiques de Jóhann Jóhannsson. C’est à la fois poignant et envoûtant.
Le spectateur est à la fois crispé, dans l’attente et curieux de découvrir avec appréhension la suite des évènements. C’est un film très haletant.
Le fond sonore nous fait frémir, en particulier les sortes de tambours constants dans certaines scènes. En voyant Emily Blunt dans la bande-annonce, j’ai trouvé cela étonnant car elle n’avait pas la carrure pour jouer le rôle de la femme dans les forces de l’ordre. Et pourtant, quand on est dans l’histoire, on se rend compte qu’elle colle parfaitement au personnage. Son jeu d’acteur est remarquable.
D’ailleurs le choix du casting est très bien choisi.

Il y a un clein d’œil dans le film qui m’a fait sourire, pour ceux qui ont vu « Everest », Josh Brolin joue le rôle d’un Texan, pur et dur. Et à un moment, dans une scène de Sicario, Emily Blunt et Josh Brolin rejoignent une équipe des forces de l’ordre. Le responsable cite deux Texans (avec des chapeaux, le vrai stéréotype) pour une mission et Josh Brolin sort une réplique du style « J’adore les Texans » lol coïncidence ?

Bon, il m’a manqué une chose dans ce film (mon côté « fleur bleue » qui ressort), une petite amourette l’espace d’une scène…

Mais vous me direz que ce n’est pas du tout le thème et c’est bien vrai ^^

Sinon, très bon film à voir au moins une fois pour se faire une idée de ce que peuvent vivre certains pays.

Bonne soirée.

Virginie.L

Bonjour Virginie,

Super avis sur le film, merci !! 🙂
Ton enthousiasme sur SICARIO nous fait vraiment super plaisir car le film nous a énormément accrochés et beaucoup marqués, comme toi visiblement !
J’aime beaucoup la façon dont tu as renommé le film, car c’est tout à fait ça.
Évidemment, Benicio est exceptionnel, cet acteur est tellement fascinant. Ici, son rôle est complexe, violent, flippant aussi. Il est impeccable.

Ta remarque au sujet de Josh Brolin et la remarque qu’il fait dans SICARIO (dont je me rappelle très bien, en effet) est amusante, bien vu ! 😉
Je ne sais pas s’il y a un lien entre les deux films, probablement pas puisque les scénaristes, producteurs et Studios sont différents. Mais la coïncidence est effectivement amusante !

Merci beaucoup de ton super avis sur le film.
À bientôt sur Go with the Blog ! 🙂

Bonjour,

Merci ! ^^

Oui Benicio Del Toro me fait peur mais il est à la fois fascinant et effrayant !
J’adore. Rien que sa présence nous angoisse et pourtant il a ce côté charmeur 🙂

Une telle dualité qui n’est pas donnée à tout le monde ^^
C’est un acteur exceptionnel. Sans lui, le film n’aurait pas autant de poids.

Bonne fin de semaine et à très vite pour de futurs avis sur les films 😉

Virginie.L

On adore Benicio, il est épatant dans chaque film, et il nous impressionne toujours !

Merci à toi surtout, au plaisir de lire d’autres de tes avis sur les films, c’est super cool, on adore. 🙂

Nouvelle réussite de Villeneuve. Dès le départ la tension est présente et elle ne se relâchera pas. Comme souvent chez lui il est question de morale, d’actes justifiables ou non, de légalité. Pas de réponse, à chacun de s’en forger une. Le scénario est prenant, le casting énorme, la musique participe, la réalisation est maitrisé comme rarement dans un tel genre ceci sans exploit inutile en privilégiant l’efficacité pure. La seule limite réside dans une finalité personnelle prenant le pas sur un intérêt général qui devrait primer suite à tous les enjeux. Seule fausse note dans un film presque parfait.

Hello Widescreen,

D’accord avec toi sur tout ce que tu dis. En revanche la « limite » que tu soulèves, me semble plutôt être la force principale de SICARIO : derrière un faux projet d’envergure mondiale aux enjeux communs, on y découvre une vendetta personnelle, dont les motivations nous semblent presque la « justifier ». C’est au contraire le tour de force de D. Villeneuve, car spectateur que nous sommes, à la fin du film, on pardonne au personnage de Benicio ce qu’il fait, et on a de l’empathie pour lui, alors que son action est d’une horreur absolue.
SICARIO est passionnant car il met le spectateur dans cette situation inconfortable, qui nous fait nous interroger.

Bonjour,

Avec plaisir et encore merci.

Vous n’avez pas vu « le nouveau stagiaire » ?
Je ne vois pas d’article.

C’est un bon petit film sur la Vie et les Stages.

Bonne fin de semaine.

Virginie.L

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