MARYLAND : la maison assassinée

MARYLAND - Affiche du film Winocour 2015 - Go with the BlogLa jeune réalisatrice française Alice Winocour signe son second long-métrage avec MARYLAND, après le remarqué AUGUSTINE sorti en 2012. Présenté en compétition au Festival de Cannes 2015 dans la Sélection Un Certain Regard, MARYLAND suit le retour en France de Vincent, militaire qui est allé en mission en Afghanistan. Victime de différents troubles liés au stress post-traumatique, il ne peut pas repartir de suite en mission. Il trouve alors un job où il doit assurer la sécurité de Jessie et son fils, la famille d’un homme d’affaires libanais parti en voyage professionnel.

Reclus dans Maryland, l’immense propriété de l’homme d’affaires, Jessie, son jeune fils et Vincent finissent par comprendre qu’une menace extérieure pèse sur eux.

Film à l’atmosphère très pesante et particulièrement travaillée, MARYLAND oscille entre le thriller et le drame, avec une ambiance super intéressante proche des films d’horreur (le déluge d’hémoglobine en moins). La réalisatrice Alice Winocour tisse une toile où la tension ne cesse de croître tout du long, jusqu’à devenir extrême et intenable.

Le récit se replie de plus en plus sur les personnages au fur et à mesure que l’on progresse dans l’histoire. Et plus les personnages se retranchent dans la propriété de Maryland, plus le spectateur est lui aussi en apnée. À la manière d’un Home Invasion dans le cinéma d’horreur, MARYLAND pousse ses personnages vers l’enfermement, à la fois physique mais aussi psychologique, et c’est ce qui est particulièrement réussi dans le film !MARYLAND - Image du film 1 Alice Winocour 2015 - Go with the Blog
Ainsi, MARYLAND finit par devenir un huis clos vibrant et anxiogène, qui doit beaucoup au travail sur le rythme mis en place par la réalisatrice. Elle nous surprend dans les moments où l’on s’y attend le moins, distille petit à petit la tension de son récit en veillant à faire toujours progresser son film.
Certains pourront y voir peut-être par moments quelques lenteurs inutiles ou mal dosées, pourquoi pas. MARYLAND n’est pas parfait et compte en effet quelques défauts.

Mais dans l’ensemble, Alice Winocour maîtrise son sujet, et intègre intelligemment les troubles post-traumatiques du personnage de Vincent dans la progression de la tension du film. Le spectateur ne sait plus si le personnage de Vincent est en proie à une forme de paranoïa, ou bien s’il a raison de penser qu’une menace éminente pèse sur Jessie et son fils.
MARYLAND - Image du film 2 Alice Winocour 2015 - Go with the Blog
MARYLAND doit beaucoup à la performance saisissante à Matthias Schoenaerts, acteur belge qu’on adore depuis qu’on l’a découvert dans BULLHEAD en 2012, et qui était tout aussi exceptionnel dans DE ROUILLE ET D’OS la même année ! Avec son regard d’une grande profondeur, le comédien au corps musclé impressionne, oscillant entre force de la nature et homme fébrile, déboussolé.

Avec Diane Kruger à ses côtés, il forme un ‘couple’ (bien malgré eux) dans la tourmente. Comme deux animaux, ils se reniflent, se découvrent petit à petit, d’abord en gardant leurs distances, puis en acceptant bon gré mal gré l’aide et le soutien de l’autre.
MARYLAND - Image du film 4 Alice Winocour 2015 - Go with the Blog
MARYLAND nous tient en haleine quasiment jusqu’au bout, grâce à la grande maîtrise du rythme de sa réalisatrice, et aussi à l’excellente bande son signée de Gesaffelstein, musicien d’electro français qui colle à merveille ses compositions sur ce huis clos étouffant.

Notre seul regret, c’est cette séquence de conclusion en forme de vrai/faux twist final, qui tombe comme un feu sur la soupe, à la limite de saborder tout ce que l’on vient de voir juste avant.
Imparfait, MARYLAND reste malgré tout un film super intéressant et puissant, qui donne très envie de continuer à suivre le parcours de la réalisatrice Alice Winocour.

Page Facebook officielle de MARYLAND.

MARYLAND, sortie en France le 30 septembre 2015.

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Article rédigé par Elle.
MARYLAND - Visuel Large Facebook film Alice Winocour - Go with the Blog

4 réponses sur « MARYLAND : la maison assassinée »

J’ai pour ma part trouvé MARYLAND assez étrange.
Tout d’abord la musique des génériques est assez « casse-oreilles » et loin du thème abordé par le film.
Ensuite, si on fait attention aux détails, Vincent, militaire en arrêt maladie, à une veste de survêtement qui n’est plus en dotation depuis 2000-2001. Il possède des armes de poing chez lui sans coffre (= coffre nécessaire à une autorisation de détention selon la législation en vigueur), il prend des médocs mais ça ne se voit pas dans la prise de sang, etc… Plein de petits détails qui ne nuisent pas au film mais qui agacent.
Concernant le jeu d’acteurs, il est là, rien à dire. Le duo fonctionne assez bien à l’écran en nous faisant penser à La Belle et La Bête.
Le scénario est assez alambiqué mais arrive à nous faire toucher du doigt la pseudo folie de Vincent, jusqu’à ce que la scène nous démontre qu’il était dans le vrai (pas évident d’en parler sans spoiler).
La montée en tension est bien faite, puis arrivé au summum de l’intrigue et de l’action … PAF! Le film s’arrête comme âne qui refuserait d’avancer d’un coup ! Mais où est passé la conclusion du film ? Un film sans une intrigue résolue, c’est comme de voir un Retour Vers le Futur avec un Marty qui resterait bloqué en 1955. Bref, une fin vraiment gâchée qui laisse un goût assez amer sur le film.

La réalisatrice est en phase d’apprentissage, espérons qu’elle ne commettra pas la même erreur.
Du coup, si je devais donner une note, je ne dépasserais pas les 2/5.

Salut Daniel,

Tout d’abord, wahooo pour ton sens du détail, rien ne t’échappe !! 😉

Ton analyse du film est très intéressante, peut-être un peu sévère, mais plutôt juste. On est d’accord avec toi, MARYLAND est un film imparfait mais vraiment prometteur, avec un vrai parti-pris cinématographique, une identité intéressante !

Merci pour ton avis super intéressant ! À bientôt sur Go with the Blog.

On navigue entre non dit et non développé. A l’appréciation. La caméra colle, d’une manière vu ici ou là (via le son également), à son personnage principale, aussi perdu dans sa vie que l’est la femme qu’il doit protéger. De drame un peu mou, cela se transforme en une sorte de thriller ultra efficace tout en restant sobre, quasi réaliste et où le danger est bien présent. Ce que l’on appelle, au finish, une bonne surprise.

Salut Widescreen,

Analyse très juste. MARYLAND est super intéressant à bien des égards, imparfait certes, mais le projet surprend, et de manière positive, comme tu le dis très bien ! La 2ème moitié du film sous forme de Home Invasion est vraiment intéressante, et on est à fond dedans !
Merci beaucoup pour ton avis, à très bientôt.

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