Lorsque Nick, jeune canadien amateur de surf, débarque en Colombie avec son frère et la copine de celui-ci, il pense avoir trouvé un petit coin de Paradis : ils s’installent ensemble sur une plage sublime, et gagnent leur vie avec des petits boulots dans le coin. Puis Nick rencontre Maria, une colombienne qui participe activement à des œuvres de charité.
Fou amoureux de la jeune fille, Nick n’hésite pas à la suivre et accepte rapidement d’être présenté à sa famille. Et dans la famille de Maria, il y a notamment son oncle, un certain Pablo Escobar.
Faux biopic mais vrai thriller questionnant le Bien et le Mal, PARADISE LOST s’attache surtout à suivre la descente dans l’Enfer du cartel colombien, d’un jeune homme poussé par une irrésistible – mais dangereuse – attraction pour la figure paternelle et rassurante de Pablo Escobar.
Avant toute chose, il y a certains éléments à avoir bien en tête avant de parler de PARADISE LOST. D’abord, c’est un premier film. Aussi fou que cela puisse paraître, le réalisateur italien (mais parfaitement francophone) Andrea Di Stefano n’a pas eu froid aux yeux en s’emparant de la figure mythique et complexe de Pablo Escobar pour le placer au centre de son tout premier long-métrage.
L’autre information importante, c’est que PARADISE LOST n’est pas un biopic du célèbre patron de la mafia colombienne. Le film ne raconte pas le parcours de Pablo Escobar ni l’incroyable empire mafieux qu’il bâtit sur le trafic de drogues. PARADISE LOST choisit un angle d’approche très différent, et fait du personnage de Nick, interprété par l’américain Josh Hutcherson, le centre du récit. La caméra suit quasiment en permanence ce personnage, et c’est son itinéraire qui est le fil conducteur de l’histoire.
Le film surprend par son parti-pris narratif, mais c’est également ce qui en fait sa vraie originalité. Surtout, au-delà de la peinture du cartel colombien d’Escobar, PARADISE LOST dessine les contours d’un piège implacable dans lequel se retrouve entraîné le personnage de Nick. Il ne s’agit ni de sacrifice ni d’un aveuglement amoureux, mais de l’itinéraire d’un garçon qui se perd, entre fascination pour un homme particulièrement imposant (sorte de figure paternelle de substitution), et perte de son libre-arbitre sous l’emprise de ce même individu.
Pourtant, si l’on suit avec un réel intérêt cette inexorable chute en avant de Nick, que porte un Josh Hutcherson échappé de la saga HUNGER GAMES et tout à fait convaincant dans ce rôle complexe, on reste cependant un peu en marge de cette histoire, sans jamais y entrer de plain-pied.
PARADISE LOST souffre malheureusement de quelques manquements scénaristiques, qui empêchent d’en faire véritablement un grand film. Le premier souci, c’est que l’on sait finalement trop peu de choses sur le personnage de Nick, d’où il vient, pourquoi il est là, quelle est sa quête véritable, et son ambition. Étant donné qu’il est la pièce centrale du récit autour duquel tout s’articule, on manque de matière à son sujet pour être totalement en empathie avec lui.
Dans la même veine, l’autre manque du film, c’est de ne pas avoir pris suffisamment le temps pour installer ses personnages (et donc notamment celui de Nick). On le dit rarement, mais PARADISE LOST aurait sans doute gagné à être plus long (et oui !), et plus lent, notamment pour sa première partie. Il aurait été intéressant de décrire davantage l’entrée de Nick dans l’entourage de Pablo Escobar, de confronter davantage aussi les deux personnages, et de donner à voir également avec plus de suspense comment le jeune garçon se retrouve plongé malgré lui dans un environnement qui lui échappe.
Certes, PARADISE LOST bénéficie de la prestation exceptionnelle de Benecio del Toro : en voyant le film, on se dit qu’aucun autre acteur que lui n’aurait pu incarner Pablo Escobar ici ! Imposant, ambivalent, à la fois sublime et pathétique, Benecio del Toro (re)donne vie à l’écran au Big Boss du cartel colombien avec une force et une prestance de tous les instants, et ce en dépit d’une présence à l’écran finalement assez limitée. En effet, Pablo Escobar existe ici autant par les scènes où on le voit diriger son clan, que par ses absences.
Plein de promesses, PARADISE LOST est un premier film étonnant par ses choix, son ambition folle, et ses prises de risques ! Certes, on regrette que le projet soit au final un peu bancal, s’appuyant sur une trame narrative qui manque de densité, et l’on aurait clairement aimé y voir une bonne vingtaine de minutes de plus afin d’étoffer aussi bien les personnages que le machiavélisme du récit.
Néanmoins, on reste tenu en haleine de bout en bout, avec notamment une dernière partie du film sans concession. Et surtout, surtout, il faut absolument le souligner, une issue finale comme on en voit très rarement au cinéma. Et rien que pour cela, Andre Di Stefano mérite tout notre respect et notre attention !
PARADISE LOST, sortie en France le 05 novembre 2014.
Page Facebook officielle du film PARADISE LOST.
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Article rédigé par Elle.
4 réponses sur « PARADISE LOST : l’Enfer, c’est les autres »
Il règne une tension et une noirceur, tout le long, ce qui en fait un très bon thriller. Peu importe le si cela traite d’Escobar ou pas. Si le réal c’est penché sur le personnage, le nom est plutôt une accroche astucieuse et le film raconte autre chose qu’une bio. Un peu trop falot, J. Hutcherson, colle pourtant finalement bien dans le rôle de ce canadien naïf. B. Del Toro tient là son meilleur rôle depuis longtemps, il est une des force du film. Recommandable.
Bonjour widescreen,
Merci pour ton avis sur le film !
On est d’accord avec toi sur la qualité du film en tant que thriller, surtout dans sa deuxième partie (la chasse à l’homme).
Benecio del Toro est en effet exceptionnel, même avec si peu de présence finalement.
Merci, à très bientôt ! 😉
Alors avec ce film je suis mitigée, c’est pas nul mais pas un grand film non plus
avec ce film c’est tout ou rien . Au debut c’est le monde des bisounours « oh il fait de la cocaïne !!?? Pas grave on s’aime » et apres c’est « vous allez tous crever » .
Point positif c’est toujours bien d’apprendre l’histoire d’un pays. Et en VO pour travailler son anglais/espagnol.
Salut xiaofeng,
Bon, tu as une vision un tout petit peu caricaturale du scénario du film 😉
Ceci étant, sans vouloir jouer les experts de la Colombie & du clan Escobar (ce que nous ne sommes pas !), nous pensons que cette peinture très radicale que propose le film (avec ce retournement de situation brusque et violent) ne doit pas être si éloignée que cela de ce qu’était la réalité !