LE JUGE : Au Nom du Père

Le Juge - go with the blog - affiche du filmHank Palmer (Robert Downey Jr.) est issu d’une famille où la Justice a toujours occupée une grande place : et pour cause, son père Joseph Palmer (interprété par Robert Duvall) est le magistrat d’une ville de l’Indiana depuis de nombreuses décennies. Alors que Hank doit revenir dans cette ville où il a grandi et qu’il a quittée depuis déjà un moment, à l’occasion des funérailles de sa mère, il découvre que son père ne va pas si bien que cela. Surtout, celui-ci est soupçonné d’avoir volontairement heurté et tué avec sa voiture un petit malfrat du coin, quelques jours après l’enterrement de son épouse.
Hank, grand avocat à Chicago, décide alors de rester en ville pour assurer la défense de son père. Ce retour forcé dans les lieux de son enfance le ramène à renouer avec ses deux autres frères, et à questionner certains sujets longtemps restés sous silence.

LE JUGE offre une rencontre entre deux acteurs séparés par les années et par des parcours très différents. Quand Robert (Downey Jr.) défend Robert (Duvall), ou quand Robert repousse Robert dans ses retranchements, on assiste à une intéressante réflexion sur les liens père/fils et sur le poids de l’héritage familial.

Ce n’est pas la première fois que Robert Downey Jr. et l’inénarrable Robert Duvall tournent ensemble. Mais leur dernière collaboration remonte à 2007 avec le film LUCKY YOU, déjà une confrontation père/fils mais cette fois-ci autour du poker, où le rôle du fils était tenu par l’acteur Eric Bana.

De par son affiche, son titre, son pitch, LE JUGE ressemble à s’y méprendre à un film de procès où le spectateur reste suspendu au jugement final tant attendu, dans la plus pure tradition américaine pour ce genre de films, un genre en soi dans le cinéma d’Hollywood. Mais ce qui est malin dans le scénario de LE JUGE, c’est que les enjeux ne sont pas tant dans l’issue de ce procès que dans les relations qui se nouent et se dénouent entre les deux personnages principaux.
LE JUGE - image du film 2 2014 Robert Doweny Jr Robert Duvall - Go with the Blog
Bien sûr, on suit avec un intérêt certain la progression de l’enquête, les investigations de l’avocat Hank Palmer pour démêler le vrai du faux des souvenirs de son père au sujet de cet accident, puis les séquences de tribunal dans la dernière partie du film. Les rebondissements nourrissent un récit judiciaire plutôt captivant, et surtout le rythme de la narration est suffisamment bien dosé pour éviter les temps morts.

Mais le plus grand intérêt de cette histoire réside dans ce qu’elle raconte de la complexité de la filiation, de l’héritage psychologique familial, et tout ce qu’il traîne comme fardeau avec lui. De même, LE JUGE aborde un sujet délicat et pas forcément souvent traité au cinéma : cette période charnière où l’on est amené à devenir les ‘parents’ de nos propres parents vieillissants. Le réalisateur et producteur du film David Dobkin a porté un soin tout particulier à ces thématiques d’héritage, de transition et de transmission familiale et générationnelle, et l’on ressent à l’écran que ces sujets lui tiennent à cœur.
LE JUGE - image du film 2014 Robert Doweny Jr Robert Duvall - Go with the Blog

Avec une très grande justesse, ce long-métrage décrit toute la difficulté qu’il existe à communiquer avec ses propres parents, une difficulté qui ne fait que s’accroître au fur et à mesure que les années passent. De même, LE JUGE vise tout aussi juste quand il montre la pression que peut représenter pour un enfant, le fait de grandir avec cette obstination constante à vouloir rendre fier son père, exigent et intransigeant (et ce, d’autant plus quand ce père est un haut magistrat, un juge respecté de tous).

Échappé un temps de son armure d’Iron Man, Robert Downey Jr (qui co-produit pour la première fois un film, via la société Team Downey qu’il a monté avec son épouse) trouve ici un rôle à sa mesure, qui a d’ailleurs été écrit spécialement pour lui. Que ses détracteurs se rassurent, l’acteur évite ses habituels cabotinages. Certes, il use de son charme indéniable et de son sens de la comédie pour désamorcer certaines situations du film (et cela est plutôt bien vu, évitant alors trop de pathos) ; mais dans l’ensemble, il porte surtout son personnage avec beaucoup de tendresse et une mise à nu par instants franchement touchante.

À ses côtés, on n’ose à peine commenter le talent qui n’est plus à démontrer de Robert Duvall. On saluera également de nombreux seconds rôles très bien distribués, et qui amènent de petites histoires secondaires à la sensibilité bien réelle. Ainsi, Vincent D’Onofrio, Jeremy Strong (les deux frères de Hank Palmer), et la toujours impeccable Vera Farmiga accompagnent le personnage de Robert Downey Jr dans sa quête de lui-même.
LE JUGE - image du film 3 2014 Robert Doweny Jr Robert Duvall - Go with the Blog
Certes, LE JUGE pâtit de son trop plein de classicisme et d’une fin typiquement américaine, malheureusement bien prévisible. On regrette aussi des violons parfois inutiles qui viennent appuyer des scènes émouvantes qui auraient très bien pu s’en passer.
Mais dans l’ensemble, et malgré sa durée de 2h21 (qui passe plutôt bien), ce film atteint une dimension émotionnelle bien réelle et tout à fait prenante. Chacun devrait y retrouver très certainement un peu de son vécu personnel, un peu des conflits que l’on connaît tous avec nos propres parents.

LE JUGE, sortie en France le 22 octobre 2014.

[youtube]http://youtu.be/9HVylzGxzwY[/youtube]

Article rédigé par Elle.

3 réponses sur « LE JUGE : Au Nom du Père »

Un très bon film. Je ne sais pas si.Le Juge peut entrer dans les chefs d’oeuvre du cinéma réaliste, mais en n’en est du moins pas loins.
Ce film qui relate, plus que le procès, les relations père/fils, est d’un poignant sans égal.
Pour beaucoup de personnes, très peu attirées par ce genre film réaliste, la question qui se pose est de savoir si oui ou non débourser 8€ dans un place de cinéma.
Pour ces gens, pour ceux fan des films réalistes, pour les fans de Robert Downey Jr et de Robert Duvall, la réponse est oui.
2h21 d’un film poignant, qui vous touchera tous autant que vous êtes.

Bonjour Cinéwaited,

Merci pour ton avis très enthousiaste !
Si je te rejoins sur le fait que la relation père/fils est traitée avec une vraie émotion, en revanche j’apporterais un petit peu plus de nuance sur le reste du film, notamment sa mise en scène (musique, cadrages, certaines scènes un peu ‘passage obligé’, …) trop américaine justement 😉

À très bientôt sur Go with the Blog ! 😉

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