LE GOÛT DES MERVEILLES est un film d’Éric Besnard qui a déjà réalisé CA$H ou encore MES HÉROS, des films pour lesquels il était également le scénariste.
Changement d’ambiance avec LE GOÛT DES MERVEILLES, où après le décès de son mari, Louise tente tant bien que mal de maintenir à flot l’exploitation familiale dans la Drôme, tout en élevant ses deux enfants. Mais alors que la situation semble désespérée, elle fait la rencontre de Pierre, un jeune homme pas tout à fait comme les autres, et qui va, à sa manière, changer la vie de cette petite famille …
Le titre et l’affiche du film LE GOÛT DES MERVEILLES parlent d’eux-mêmes : il s’agit d’une histoire où l’émerveillement côtoie la morosité du quotidien. On dit souvent que les enfants ont cette capacité de s’émerveiller de tout et de n’importe quoi, mais qu’ils perdent ce regard singulier lorsqu’ils grandissent, happés par le monde du travail (pas merveilleux du tout !) et la routine quotidienne.
Oui, mais le personnage de Pierre, lui, n’est pas un homme ‘normal’. Il est atteint du syndrome d’Asperger. Cette forme d’autisme se caractérise par une capacité, chez le porteur du syndrome, à manipuler les chiffres aussi rapidement et simplement qu’une calculatrice. Mais également, la personne fait preuve d’un rapport très proche avec la nature, et d’une grande sensibilité.
Pierre (qu’interprète le comédien Benjamin Lavernhe de La Comédie Française) se révèle vite être un garçon doté de capacités hors normes pour les mathématiques (le genre de personne que l’on aime avoir à côté de soi aux contrôles d’algèbre, vous voyez ? 😉 ), et il va vite montrer un grand intérêt envers le métier d’apiculture, ainsi qu’envers la personne de Louise …
Grâce à sa capacité à voir le monde qui l’entoure avec le regard d’un enfant, Pierre se rend rapidement indispensable pour redonner le sourire à cette petite famille, en manque de joie et de rires après le décès du père de famille.
Si la société actuelle présente la plupart du temps les autistes comme des personnes dépendantes des autres, ne pouvant vivre seuls, incapables de s’assumer, voire parfois comme des dangers pour les citoyens, il n’en est rien dans ce film, qui présente au contraire le personnage de Pierre comme un sauveur, une source de joie et d’espoir pour le personnage de Louise, ses deux enfants et leur entourage.
Le casting de ce film est particulièrement bien choisi, avec dans le rôle de Louise Virginie Efira (vu dans 20 ANS D’ÉCART, LE SIFFLEUR …) , jolie blonde au caractère à la fois fort et fragile, que l’on a irrémédiablement envie de protéger ; et Benjamin Lavernhe (ELLE L’ADORE, LIBRE ET ASSOUPI) qui a un visage un peu juvénile, un regard et un sourire malicieux qui collent parfaitement au personnage.
Plongez avec Louise dans le monde merveilleux de Pierre, là où l’autisme n’est pas un obstacle au bonheur, mais est au contraire source d’émerveillement ! La différence et l’exception de l’autisme comme thérapie à la morosité du quotidien ?! Oui oui c’est possible, et LE GOÛT DES MERVEILLES le montre parfaitement.
LE GOÛT DES MERVEILLES, sortie en France le 16 décembre 2015.
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Article rédigé par Julie.
4 réponses sur « LE GOÛT DES MERVEILLES : la recette du bonheur »
Bonjour,
Attention aux amalgames. Etre porteur ou porteuse du Syndrome d’Asperger ne signifie pas forcément être un génie en mathématiques (je suis Asperger et mes centres d’intérêt vont plutôt vers la pop culture, les jeux vidéo, la littérature…).
Nous sommes des êtres « normaux » et pas simplement des outils destinés à rendre heureux les gens « bien portants ». Je regrette le point de vue adopté par ce film : j’aurais aimé avoir un film français centré sur un personnage autiste, avec ses complexités, ses évolutions (car oui, contrairement à ce que le réalisateur peut croire, nous évoluons) et ses luttes pour faire face à l’ignorance des autres.
Pour un meilleur film sur le sujet, je peux vous conseiller Adam de Max Mayer. Je n’ai pas l’impression de regarder Rain Man quand je vois ce film-là et le personnage d’Adam est un personnage à part entière, pas juste un moyen pour une personne « bien portante » de changer et de trouver le bonheur.
Merci de votre attention.
Bonjour LadyAspie,
Merci pour votre commentaire très intéressant. Je n’ai pas voulu trop en dire dans ma modeste analyse du film, mais je trouve que les crises, les peurs et les passages à vide par moments, montrent quand même la complexité de ce syndrome, même si je ne doute pas que le réalisateur n’en montre qu’une infime partie. 😉
Merci également pour le conseil, je regarderais ADAM dès que j’en aurais l’occasion. 🙂
Belle journée à vous, et joyeuses fêtes de fin d’année !
À très bientôt sur Go With The Blog ! 🙂
Je rejoins Lady Aspie. Ce film, malheureusement, coche toutes les cases honnies par les personnes autistes elles-mêmes (auxquelles je doute que M. le réalisateur ait demandé leur avis pour ce film, évidemment, les mieux placés pour parler de notre expérience étant bien évidemment les psychologues et les parents). Voir une personne neurotypique être félicitée pour avoir « joué à l’autiste » ne choque personne, visiblement…
1) Nous ne sommes pas tous des génies des maths, et ici nous avons ENCORE UNE FOIS un stéréotype renforcé alors que ce film aurait pu être l’occasion d’aller contre cette idée, pour une fois.
2) Un homme. Blanc. Encore. C’est lassant.
3) Je sais que la plupart des personnes qui s’extasient sur la poésie du film et l’inspiration et « oh les personnes autistes nous permettent de voir le monde différemment, que c’est beau et innocent » sont sous l’influence de décennies de martelage de ce message, mais mettez-vous cinq minutes à la place de quelqu’un, autiste, qui va voir ce film en se disant qu’enfin, de la représentation dans le cinéma français! Youpi! Et qui voit qu’une nouvelle fois, on ne vaut pas mieux, à vos yeux, qu’un voyage en Thaïlande pour vous racheter une spiritualité.
Une « thérapie à la morosité du quotidien »? Vous nous prenez pour du Xanax, en fait. Les gens ne sont pas des objets, et les autistes pas plus que les autres. Cette idée perpétue le cliché de la personne autiste douce et angélique et parfaite qui n’a pas le droit d’avoir un seul moment de personne normale et énervée et frustrée par un monde qui ne fait rien pour nous accommoder. Donc par pitié, la prochaine fois, faites des recherches sur le sujet ou abstenez-vous.
Bonjour Lexie_Mads,
Tout d’abord, merci d’avoir pris le temps de nous laisser ce commentaire fort intéressant et instructif.
Je suis bien sûr consciente que les autistes ne sont pas des objets ou une forme de thérapie ; j’exprime simplement dans cet article ce que j’ai ressenti en regardant ce film, et comment j’ai pu percevoir la maladie à travers l’histoire de ce personnage, et mon regard neutre de simple spectatrice. Je pense également que ce syndrome est trop peu connu du grand public, ou du moins une grande partie des symptômes ne sont pas assez mis en lumière dans les articles le concernant.
Aussi, si vous le souhaitez, vous pouvez me transmettre une liste de sites web sur le sujet afin d’éliminer ces lacunes.
Ensuite, je ne trouve pas que le réalisateur réduise les autistes à « un voyage en Thaïlande », puisque l’autisme est, je trouve, exprimé à travers les sentiments de Louise et Pierre qui évoluent au fil de l’histoire. Pierre n’est pas présenté comme une personne simplement là pour rendre le monde plus joyeux, on voit qu’il a des sentiments, et qu’il prend une place de plus en plus importante dans la vie de la famille, parce qu’il y a trouvé sa place grâce à tous les aspects de sa personnalité.
Enfin, de par les crises de panique traversées par Pierre, je ne pense pas que les autistes soient présentés comme « douce et angélique et parfaite qui n’a pas le droit d’avoir un seul moment de personne normale et énervée et frustrée ». Et nous pouvons voir à certains moments du film que Pierre est frustré de ne pas plaire à Louise, alors que lui ressent des sentiments amoureux à son égard.
Au plaisir de vous lire de nouveau ; je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année.
À très bientôt sur Go With The Blog. 🙂