LE GRAND SOIR, réalisé par Benoît Délépine et Gustave Kervern

Récompensé par le Prix Spécial du Jury dans la sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2012, LE GRAND SOIR est le nouveau projet des deux célèbres grolandais Benoît Délépine et Gustave Kervern. Et si c’est un duo qui se trouve derrière la caméra, et bien devant aussi, avec la paire Dupontel et Poelvoorde, tous deux réunis pour la première fois au cinéma.

Nous ayant habitués aux films décalés mêlant humour et critique sociale, les deux réalisateurs s’attaquent cette fois-ci au thème de la société de consommation. Et pour ce faire, quoi de plus évident que d’inviter un punk en plein coeur d’un centre commercial : on ne peut plus classique !

Ce punk c’est NOT, magistralement interprété ici par Benoît Poelvoorde. NOT est de son propre aveu le plus vieux punk à chien d’Europe (chien qui, dans le film comme dans la réalité, est bien celui de l’acteur belge). Il squatte dans un immense centre commercial où se mêlent enseignes de grande distribution et chaînes de restauration. Le choix de son lieu de vie n’est pas si anodin puisque ses parents y sont propriétaires du restaurant La Pataterie, et c’est aussi là où travaille son frère (Albert Dupontel à l’écran). Ce dernier est vendeur de matelas, père de famille, bien propre sur lui, et surtout respectueux des normes et des conventions. L’absolu opposé de NOT.

Malheureusement, cette petite vie pépère ne va pas perdurer car rapidement il est mis à la porte par son employeur, faute de performances. Et c’est là que le déclic se fait, cette nouvelle cumulée à celle de son divorce et vraisemblablement la perte de la garde de son enfant, sont alors la cause de son ras-le-bol généralisé. Beaucoup d’alcool, de déceptions et surtout les retrouvailles avec son frère, le font basculer définitivement du côté de la révolte et de la rage.

L’idée principale du GRAND SOIR réside dans le fait de placer les deux acteurs dans ce fameux centre commercial et de faire alors les conneries les plus bêtes et les plus primitives qui soient, le tout pour notre plus grand plaisir !
Les sketchs s’enchaînent plus que le film ne déroule réellement une histoire fournie, toutefois cela parvient à nous faire rire. Le cynisme des situations comiques et les dialogues sont un régal (la scène avec le vigile et le père est assez savoureuse). De plus, les deux protagonistes sont très bien incarnés à l’écran et surtout ils ne deviennent pas insupportables en voulant trop en faire ; le film met en avant tantôt l’un, tantôt l’autre, et tantôt le duo.

Côté casting, mention très spéciale pour Benoît Poelvoorde qui est parfait dans son rôle de vieux punk, habitué au système D. Albert Dupontel interprète également avec beaucoup de justesse la colère et le désœuvrement de son personnage. De la même façon, les seconds rôles (notamment Brigitte Fontaine en mère très cool, ou Didier Wampas dans son propre rôle) permettent au film de rebondir régulièrement.

Toutefois, même si on rit facilement, ce long-métrage souffre un peu de son scénario assez faible et cela tourne à vide par moments, notamment sur la fin. Le choix d’être quasiment dans un lieu unique (au sein du centre commercial) n’améliore pas la situation ; d’ailleurs les rares fois où l’histoire s’en échappe, permet de redonner de l’énergie à l’ensemble.

LE GRAND SOIR est distrayant, clairement barré et les acteurs portent le projet vers le haut, permettant ainsi de passer un agréable moment, en dépit de quelques faiblesses scénaristiques. Amateur d’humour un peu potache mais néanmoins intelligent, sortez vos manifestes punk et vos crêtes pour l’occasion !

LE GRAND SOIR, sortie en France le 06 juin 2012.

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Article rédigé par Lui.

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